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Sartre, Jean-Paul: Lap ... Respectueuse
LA P... RESPECTUEUSE
JEAN-PAUL SARTRE
Lieu: “Une chambre meublée dans une ville américaine
du Sud”
Temps: Le premier tiers du 20ème siècle, à notre
époque
Personnages: Lizzie, Fred, le sénateur Clarke, John, James, des
policiers
Thème: Discrimination raciale, l’oppression des couches
sociales
inférieures en général
Résumé: Pendant un voyage, Lizzie est devenue témoin
d’un homicide prémédité:
Des hommes blancs ivres offensent deux noirs, et ils essaient de les
jeter par la portière du train jusqu’à ce qu’un
homme noir ait battu un homme blanc. Alors, le blanc tue le nègre par
un coup de feu.
Comme le meurtrier est d’une famille influente, l’assassinat
doit être étouffé.
On fait courir le bruit que le nègre a essayé de violer
Lizzie femme et que le blanc l’a tué par légitime
défense.
Pendant ce temps, les blancs cherchent le noir, et on veut forcer Lizzie
à attester d’avoir été violée par le noir
devant le juge.
Ce que Fred essaie d’atteindre, finalement son père, le
sénateur Clarke, y réussit. Il la convainc que son fils vaut
plus que le noir.
Le sénateur Je parle en son nom. ( Il repend).
“Lizzie, ce nègre que tu protèges, à quoi
sert-il? Il est né au hasard, Dieu sait où. Je l’ai
nourri et lui, que fait-il pour moi en retour? Rien du tout, il
traîne, il chaparde, il chante, il s’achète des complets
rose et vert. C’est mon fils et je l’aime à
l’égal de mes autres fils. Mais je te le demande: est-ce
qu’il mène une vie d’homme? Je ne m’apercevrai
même pas de sa mort.”
Lizzie Ce que vous parlez bien.
Le sénateur “L’autre, au contraire,
ce Thomas, il a tué un noir, c’est très mal. Mais
j’ai besoin de lui. C’est un Américain cent pour cent,
le descendant d’une de nos plus vieilles familles, il a fait ses
ètudes à Harvard, il est officier- il
faut des officiers- il emploie deux mille ouvriers dans son usine-
deux mille chômeurs s’il venait à mourir- c’est
un chef, un solide rempart contre le communisme, le syndicalisme et les
Juifs. Il a le devoir de vivre et toi tu as le devoir de lui
conserver la vie. C’est tout. À présent,
choisis.”
Lizzie Ce que vous parlez bien.
Lizzie signe la désposition du faux témoignage. Mais elle
comprend qu’elle a été trompée quand le
sénateur est retourné chez elle pour lui donner cent dollars
pour la remercier.
Le nègre est revenu, et il se cache derrière le rideau. De
dehors, on entend des cris et des coups de feu. Lizzie explique au
nègre qu’elle a fait un faux témoignage.
Donc maintenant, elle argumente comme les blancs.
Tout en parlant, ils s’approchent de l’appartement de Lizzie.
Le nègre Pourquoi avez-vous fait ça,
madame? Oh! pourquoi avez-vous fait ça?
Lizzie Je me le demande.
Le nègre Ils n’auront pas de pitié;
ils me fouetteront sur les yeux, ils verseront sur moi leurs bidons
d’essence. Oh! pourquoi avez-vous fait ça? Je ne vous ai pas
porté tort.
Lizzie Oh! si, tu m’as porté tort. Tu ne
peux pas savoir à quel point tu m’as porté tort! (Un
temps.) Tu n’as pas d’envie de
m’étrangler?
Le nègre Ils forcent souvent les gens à
dire le contrair de ce qu’ils pensent.
Lizzie Oui. Souvent. Et quand ils ne peuvent pas les y
forcer, ils les embrouillent avec leurs boniments.(Un temps.) Alors? Non? Tu
ne m’étrangles pas? Tu as bon caractère. (Un temps.) Je
te cacherai jusqu’à demain soir. (Il fait un mouvement.) Ne me
touche pas: je n’aime pas les nègres. (Cris et coups de feut
au-dehors.) Ils se rapprochent. (Elle va à la fenêtre,
écarte les rideaux et regarde dans la rue.) Nous sommes
propres.
Le nègre se cache dans la salle de bain pendant que Lizzie envoie
promener les hommes qui ont sonné à la porte.
Après, elle parle une deuxième fois avec le nègre
qui considère appartunir à une couche inférieure de la
société.
Tout à coup, Fred entre dans la chambre, contre la volonté
de Lizzie; le nègre veut s’enfuir, mais dans la cage
d’escalier, il est tué par un coup de feut.
Quand Fred revient, Lizzie le vise avec son revolver.
Il dit:
Lizzie! J’ai une
mère.
Lizzie Ta gueule! On m’a déjà fait
le coup.
Fred(marchant lentement sur
elle)
Le premier Clarke a défriché toute une
forêt à lui seul; il a tué seize Indiens de sa mains
avant de périr dans une embuscade; son fils a bâti presque toute
cette ville; il tutoyait Washington et il est mort à Yorktown, pour
l’indépendance des États-Unis; mon
arrière-grand-père était chef des Vigilants, à
San Francisco, il a sauvé vingt-deux personnes pendant le grand
incendie; mon grand-père est revenu s’établir ici, il a
fait creuser le canal du Mississippi et il a été gouverneur de
l’État. Mon père est sénateur; je serai
sénateur après lui: je suis son seul héritier mâle
et le derniere de mon nom. Nous avons fait ce pays et son histoire est la
nôtre. Il y a eu des Clarke en Alaska, aux Philippines, dans le Nouveau
Mexique. Oserais-tu tirer sur toute
l’Amérique?
Lizzie Si tu avances, je te bute.
Fred Tire! Mais tire donc! Tu vois, tu ne peux
pas.
Une fille comme toi ne peut pas tirer sur un
homme comme moi. Qui es-tu? Qu’est-ce que tu fait dans le monde? As-tu
seulement connu ton grand-père? Moi, j’ai le droit de vivre: il
y a beaucoup de choses à entreprendre et l’on m’attend.
Donne-moi ce revolver. (Elle le lui donne, il le met dans sa poche.) Pour ce
qui est du nègre, il courait trop vite: je l’ai raté. (Un
temps. Il lui entoure les épaules de son bras.) Je t’installerai
sur la colline, de l’autre côté de la rivière, dans
une belle maison avec un parc, mais je te défends de sortir: je suis
très jaloux. Je viendrai te voir trois fois par semaine, à la
nuit tombée: la mardi, le jeudi et pour le week-end. Tu auras des
domestiques nègres et plus d’argent que tu n’en as jamais
rêvé, mais il faudra me passer tout mes caprices. Et j’en
aurai! (Elle s’abandonne un peut plus dans ses bras.) C’est vrai
que je t’ai donné du plaisir? Réponds. C’est
vrai?
Lizzie (avec lassitude)
Oui, c’est vrai.
Fred (en lui tapant la joue)
Allons, tout est rentré dans l’ordre. (Un
tems.) Je m’appelle Fred.
RIDEAU
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